L'Oriente, de Yacuiba à Corumba


(du 30 mai au 18 juin 2016)

 

30 mai 2016. Il est 18H15. Nous entrons en Bolivie.

 

Au bout de 150 m on traverse le pont et on s’acquitte d’un péage de la ville de 5 bolivianos avec reçu.

 

10 m plus loin : premier contrôle de police qui nous enregistre et tamponne le document de transit du véhicule. Il me réclame également 50 bolivianos. Je lui demande un reçu. Il me répond qu’il ne peut me faire un reçu. Je le laisse tamponner mon papier, je le remercie et repars. Il n’a pas insisté.

 

C’est le premier et ce ne sera pas le dernier et cela va rapidement nous agacer.

 

Nous traversons la ville suscitant la curiosité et les gestes amicaux. Compte-tenu de l’heure tardive nous nous arrêtons à la station-service à la sortie de la ville.

 

31 mai 2016.

 

Après le petit-déjeuner, nous levons le camp et cherchons un lieu sympa pour faire l’école. N’en trouvant pas et la route étant bonne, nous faisons l’école en roulant.

 

La route est jalonnée de péages suivis ou précédés de barrage de police où il faut montrer le document de la douane et le faire tamponner.

 

Aujourd’hui, j’ai fait un don volontaire involontaire de 2 bolivianos à 1 club de foot et 1 bolivianos au syndicat des chauffeurs salariés du 1er mai de Camiri. Au même poste, le policier me réclame 5 bolivianos. Là je lui ai dit non. Pas de reçu, pas de bolivianos.

 

Au poste de péage suivant, j’ai demandé au gars de m’expliquer pour les péages et c’est là que j’ai vu que je m’étais fait avoir au précédent.

 

A 17H15, nous approchons du poste de péage de Cabezas. A 1 km de là, on voit 1 tas de sable au milieu de la route : sur la gauche, il est aplati par le passage répété de voitures et de camions. Nous passons, mais nous sommes très vite stoppés par la file de véhicules qui nous précède. Et voilà, après les policiers véreux, nous n’échappons pas aux classiques bloqueos boliviens ! Pas de déception de ce côté-là ! Je vais voir un peu plus loin au début de la file et découvre un beau tas de sable infranchissable celui-là. Les chauffeurs routiers boliviens se sont mis au diapason avec les grévistes français.

 

Personne ne sait quand cela va se débloquer. Tout le monde y va de son pronostic. Je retourne au camping-car et découvre un camping-car suisse. Nous discutons avec Sebastian qui parle français. Nous nous installons tranquillement pour la nuit. Ce qu’il y a de bien avec les bloqueos c’est que tu ne te poses pas de questions sur le bivouac pour la nuit. Tu fais des économies : tu dors au milieu de la route. Tu fais des rencontres. A 3 h00 du matin, la situation se débloque. Il faudra une heure pour sortir de là car les bloqueurs sont partis mais ils ont laissé leur tas de sable. Quelques voitures et camions s’ensablent devant nous. Nous craignons le pire. Finalement nous passons et poussons un ouf de soulagement. Nous nous arrêtons quelques kilomètres plus loin pour terminer notre nuit.

 

C'est normal, il y a un décalage horaire d'une heure que nous conservons volontairement.
C'est normal, il y a un décalage horaire d'une heure que nous conservons volontairement.

1er juin 2016

 

Il est 8h30. Il nous reste 130 km à parcourir avant d’arriver à Santa Cruz de la Sierra, notre destination. Après les flics corrompus, les bloqueos, nous nous attaquons au troisième obstacle du voyageur : se faire servir du carburant en Bolivie.

 

Explication : en Bolivie, il y a deux tarifs pour le carburant. Un tarif pour les étrangers qui porte le diesel à 8.86 Bolivianos soit 1.3 € le litre. Un tarif local qui porte le diesel à 3.72 Bolivianos soit  0.5 € le litre. Mais ce n’est pas tout. Comme les tarifs locaux sont ultra subventionnés, lorsque le pompiste sert un étranger, il doit émettre une facture et la différence entre les deux tarifs doit être restituée à l’Etat. Les pompistes ne veulent pas s’embêter et, bien qu’ils aient obligation de servir les étrangers, ils refusent de servir pour ne pas se prendre la tête. Il faut donc négocier et parler espagnol est un plus dans ce cas.

 

Compte-tenu de cette difficulté, nous décidons donc de faire régulièrement le « plein », histoire de ne pas tomber en panne. Nous nous dirigeons donc vers notre première station-service. Le pompiste m’annonce le tarif étranger. Je lui réponds que dans ce cas-là, je veux une facture. Je négocie et nous paierons 6 bolivianos. Ce sera la seule fois car ensuite nous paierons le prix bolivien à chaque station en utilisant nos jerricans. Pour cela tu te gares en retrait et tu viens remplir tes bidons et tu es considéré comme un local. Nous n’aurons donc aucune difficulté pour faire le plein.

 

Nous arrivons à un nouveau péage. Le policier nous demande notre « ordre de circulation ». Je lui montre le document de la douane. Il me dit que ce n’est pas le bon papier. Il remplit un « orden de circulacion » et me réclame 50 bolivianos. La personne devant moi a payé sans rechigner. Je n’ai donc pas pu refuser mais j’ai dit que c’était trop cher et j’ai finalement payé 30 bolivianos pour le « carburant des patrouilles de police », dixit le chef. J’ai exigé qu’il me l’écrive sur le document. J’étais furax d’avoir dû payer. Ce document n’a aucune valeur et ne nécessite aucun payement mais ils profitent de la naïveté et la méconnaissance des étrangers. Ce sera la seule fois où nous payerons malgré d’autres sollicitations.

 

Poste de contrôle de police
Poste de contrôle de police

Nous poursuivons notre route persuadés d’arriver rapidement à Santa Cruz…mais c’est sans compter sur nos amis camionneurs qui forment un nouveau bloqueo à 20 km de la ville. Ils protestent contre les taxes, les péages et les amendes qui ne cessent d’augmenter. Il est midi. Les Suisses sont justes devant nous. Toutes les issues de Santa Cruz sont bloquées. Il y a un double barrage. Impossible de passer même en négociant. Il y a bien un chemin qui permettrait de le contourner mais il pleut et les locaux nous le déconseillent car on risque de s’embourber. Nous décidons de prendre notre mal en patience.

 

Nouvelle nuit au milieu de la route.

 

2  juin 2016

Le mouvement semble se durcir : nous faisons l’école et vaquons à nos occupations en attendant le déblocage. A 14 heures nous pouvons enfin partir : une trêve de 15 jours vient d’être signée avec le gouvernement.

 

Nous passons deux jours à Santa Cruz. Nous en profiterons pour visiter le centre-ville. On y retrouve une architecture coloniale.

 

Puis direction le fort de Samaipata : c’est le fort Inca le plus au Sud de l’Empire. Compte-tenu de l’état de la route aggravé par les pluies de ces derniers jours, il nous faudra la journée pour atteindre le Fort. Nous bivouaquerons à un mirador surplombant la vallée.

 

Visionnage du « c’est pas sorcier » sur le sujet avant la visite, histoire d’être au clair.

 

Après la visite du fort, on se dirige vers le village où nous passerons la nuit avant de redescendre vers Santa Cruz. Nous y rencontrons une famille française qui s’est établie là il y a sept ans. Un bel échange qui nous fait encore réfléchir sur le sens de la vie. On serait bien resté là quelques jours mais le temps est maussade et l’on ne peut faire de randonnées alors ce sera pour une prochaine fois.

 

La route du retour est sympa également ...

Nous décidons de séjourner dans un restau-camping tenu par un boliviano-allemand. Excellent accueil et nous y retrouvons Sébastien et sa famille. Nous visiterons avec eux le zoo de Santa Cruz pour le plus grand bonheur des enfants.

 

Emplettes au marché

08 juin 2016

 

Nous prenons la direction des Missions… et là je ne veux pas vous assommer en vous racontant mes démêlés avec  la police bolivienne mais je vous en raconte encore une petite dernière. A la sortie de Santa Cruz, nouveau contrôle : le permis, le permis international, la carte grise, le permis de circuler.

 

Je ne montre que des copies. Il me réclame les originaux. Je vais les chercher sauf la carte grise. Il n’y voit que du feu. Il me fait son laïus sur la facilité de fabriquer des faux-papiers avec les scanners aujourd’hui. Il me dit que je dois faire tamponner le permis de circuler à chaque poste et s’interroge sur le fait qu’il ne soit pas tamponné depuis le 4.

 

Une fois satisfait, il m’envoie faire tamponner le permis de circuler à un autre policier chargé de récolter le « pourboire ». Je me présente donc à ce dernier qui tamponne le document et me demande 30 bolivianos. Je lui réponds que j’ai déjà payé pour cela à Rio Seco comme c’est écrit sur le papier et que je ne vais donc pas payer à nouveau. Il change de tactique et me demande « un petit boliviano » pour un « carino », pour la coca. Il me tend le papier ; je regarde le tampon et je vois qu’il n’a pas apposé la précieuse date réclamée par son collègue. Je lui demande de l’inscrire et il me répond que c’est à cause du carino qu’il ne l’a pas écrite. Pendant qu’il l’inscrit je m’octroie un petit plaisir en jouant sur les mots devant son insistance à vouloir un carino (une douceur ou un câlin). Je lui dis que je suis une femme mariée et qu’il ne serait pas du tout convenable que j’offre un carino à un autre homme que mon époux. Tout ceci dans la langue de Cervantes bien évidemment. Je lui ai cloué le bec. Il a fini par sourire et me rendre le papier sans insister.

 

Nous suivons la route des Missions et bivouaquons sur la place centrale des villages traversés. Ce sera l’occasion de rencontrer les habitants de ces villages : fazendero, prêtre, indigènes. Les enfants profiteront de ces aires de jeux providentielles. A la différence des autres missions qui sont réduites à des ruines plus ou moins bien conservées, ici les lieux ont été conservés par les indigènes qui ont bâti leur village à la place des missions. La place centrale et l’église ont été conservées, puis restaurées de 1972 à 1997 par l’architecte Hans Roth dans le respect de l’original. Une école de menuiserie a été créée à cet effet.

 

San Javier, premier ensemble construit en 1691

 


Concepcion,  fondée en 1708

 


San Miguel, fondée en 1721.

 


La route pour y parvenir.

Le bivouac dans un village d'une communauté indigène.

San Rafael, fondée en 1696

 


Santa Ana, fondée en 1755.

 


Rencontre émouvante avec Lucio chargé de l’accueil des visiteurs de l’église. Il jouera un morceau d’orgue et invitera les enfants à faire de même. Il nous explique que cet orgue est l'orgue originel et qu'il a été restauré en 2000par un français

 

Échanges autour d’un café pendant lesquels il nous apprendra quelques mots de la langue de la Chiquitania.

 

San Jose de Chiquitos, fondée en 1697.

 


Après ces visites nous nous offrons une pause à la Villa Chiquitania à San Jose de Chiquitos, Hôtel créé par un français globetrotteur.

 

Enfin nous prenons la direction de la frontière et là, étonnamment pas de policier ripoux ni de péages à négocier : on n’en paiera aucun car le premier nous ayant dit de passer sans payer, j’ai servi l’argument à tous les autres et cela a fonctionné !

 

Nouvelle pause détente à Aguas calientes avant la frontière. Hadrien passera l’après-midi dans l’eau à 30°.

 

La frontière Boliviano-brésilienne n’a rien à voir avec son homologue Argentino-bolivienne. Ici les douaniers et les services de l’immigration tant côté bolivien que côté brésilien sont attentifs, souriants et serviables. Un placer !