De Chiloe à Santiago


( Du 16 mars au 10 avril 2016 )

Après avoir longtemps réfléchi, nous décidons de remonter par le Chili et la route des lacs chiliens en faisant l’impasse sur la route des lacs argentins. Il est en effet difficile de faire les deux à moins de passer son temps à traverser la cordillère.

 

Lago Llanquihue, Lago Petrohue

 

Après avoir quitté le ferry nous prenons la direction de Puerto Varas, ville créée par les colons allemands au milieu du XIXème siècle et bivouaquons sur les rives du lago Llanquihue face au volcan Osorno et au volcan Calbuco.

 

Nous visitons la ville en suivant le parcours patrimonial de quelques maisons datant du début du XXème siècle classées Monument National ainsi que le parc qui surplombe le lac.

 

Philippe se prend à rêver.

Après avoir visité la ville, nous prenons la direction du Lago de todos los Santos ou lago Petrohue vers la frontière argentine. La route est bordée par les cendres de la dernière éruption du volcan Calbuco en 2008.

 

Nous bivouaquerons seuls au monde sur la plage de sable noir, au pied de l’Osorno. Au réveil, il fait beau mais de nombreux nuages masquent les sommets. Le temps d’une balade sur la plage et nous pourrons admirer les sommets dégagés de l’Osorno et du Puntiagudo, autre volcan de la cordillère.

 

Avant de retourner à Puerto Varas nous faisons une halte aux Saltos de Petrohue : une fois encore nous admirons le travail de l’eau sur les roches.

 

Pâques approche et nous profitons de notre passage dans cette région à forte ascendance allemande pour nous arrêter au village de Llanquihue dont le club aleman organise une « Fête de l’œuf de Pâques » : achats de quelques chocolats et autres friandises.

 

Puis nous poursuivons sur les berges du lac Llanquihue en direction du village de Frutillar dont nous visiterons le musée colonial aleman. Ce musée présente des reconstitutions d’un moulin à eau, d’une forge, d’une ferme et la maison du dueno du domaine. La vue sur les volcans depuis la maison des maîtres est magnifique.

 

Philippe, un brin nostalgique de sa motofaucheuse…

 

Nous partons bivouaquer à Puerto Octay car les casarodantes ne sont pas les bienvenues à Frutillar !

 

Au réveil, j’ai 50 ans et nous partons faire le marché. Nous y achetons mon gâteau d’anniversaire et entrons dans la fromagerie du village pour y réaliser quelques emplettes : enfin un fromage qui ressemble à du fromage même si l’on est loin de la France !

 

Lago Puyehue

 

 Nous poursuivons la route des lacs en longeant le lac Puyehue et prenons la direction des thermes d’Aguas calientes qui se trouvent dans le parc national Puyehue. Le concessionnaire du parc nous demandant 10 000 pesos pour stationner la nuit sur son parking sans aucunes commodités, nous sommes allés dormir gratuitement sur le parking de l’hôtel 5 étoiles quelques kilomètres plus loin.

 

Lago Ranco

 

Nous repartons en direction du Lago Ranco mais pour cela il faut prendre un tronçon de la route 5 : la route 5, c’est la colonne vertébrale du Chili. Elle ressemble à une autoroute : voies séparées en leur milieu, vitesse autorisée et coût élevé. Mais c’est un peu comme en Inde, tu y trouves des choses surprenantes par endroits : arrêt de bus, chemin de terre qui entre directement sur l’autoroute, « aires de service improvisées », fleuristes qui se mettent au milieu de la voie pour te vendre un bouquet …

Bref, nous voici lancés sur l’autoroute quand soudain nous entendons un bruit comme si l’on venait de prendre un caillou mais je n’ai vu aucun caillou. On est sur l’autoroute tout de même ! Une discussion s’engage entre le pilote et le copilote dont je vous épargnerai la teneur.

 

Cinq minutes plus tard, un bruit similaire moins fort se fait entendre. On s’arrête sur le bas-côté et nous faisons le tour du camping-car. Le pneu avant droit a perdu un bon morceau de gomme. Philippe change la roue et nous poursuivons notre route le long du lago Ranco que nous avons beaucoup aimé. Plus sauvage, moins urbanisé. Nous dormons sur la plage du village de Llifen avant de nous accorder une journée farniente aux thermes du village. Thermes sans prétention mais excellent accueil. Le soir nous avons testé la Once : sorte de tea-time, héritage de la colonisation allemande avec charcuterie, fromage et pâtisseries. Autant dire que pour nous cela fut le repas du soir. Nous avons dormi sur place avant de prendre la direction de Valdivia sur la côte pacifique.

 

 

Valdivia

 

Après avoir remplie notre gajafa de gaz avec du GPL, nous cherchons un bivouac que nous trouvons sur la Isla Teja, non loin du Musée historique et anthropologique qui retrace l’histoire du Chili des origines à nos jours. Nous y découvrirons une belle collection d’objets et bijoux mapuches.

 

Les Mapuches sont le peuple originaire du Sud du Chili. Ils résistèrent aux Incas puis aux Espagnols. C’est la seule population indigène que les Espagnols reconnurent comme un peuple souverain et indépendant. Ils perdirent leurs droits après la révolution et la chute du Vice-royaume du Pérou. En effet après l’indépendance du Chili, ce dernier n’eut de cesse de récupérer les Terres du Sud pour les intégrer à la patrie chilienne. Les terres furent conquises peu à peu. Aujourd’hui les Mapuches se battent parfois violemment pour faire valoir leur droit notamment dans la région de Temuco.

 

Nous poursuivons vers le fort Niebla, dernier bastion (avec Ancud) de la résistance espagnole contre les révolutionnaires Argentin, Bolivien, Chilien, Paraguayen et Péruvien. La visite du fort et de son musée met en perspective l’histoire de Valdivia et celle de l’Amérique du Sud de façon très intéressante.

 

Ce fort nommé « Castillo de la Pura y Limpia Concepcion de Montfortde Lemus » a été construit entre 1647 et 1672.

 

Ce que l’on peut remarquer c’est la batterie de 14 canons qui est sise sur un promontoire qui surplombe la mer de 40 m.

 

(Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes dans un village où nous fêtons l’anniversaire de la Révolution argentine le 25 mai 1810 contre le Royaume d’Espagne)

 

Niebla, village de pêcheur et séjour de villégiature pour les Valdiviens.

Le soir nous dormons sur la plage de Los Molinos face à l’océan Pacifique.

 

Nous poursuivons notre parcours historique par la visite de l’ile Mancera : cette île ne se visite qu’à pied et compte 25 habitants. Visite du fort et tour de l’île.

 

De retour à Valdivia, nous visitons la ville. Il fait chaud, nous partons à la recherche d’un glacier, aidé en cela par une famille italo-chilienne rencontrée en chemin. Nous ne mangerons pas de glace car le glacier est fermé. Ils nous conseilleront une pizzéria et une brasserie mais la pizzéria est fermée. J’ai oublié de vous dire que c’est Vendredi Saint et donc jour férié au Chili. Et donc seule la brasserie est ouverte : on s’en contentera !

 

Loncoche

 

Nous nous arrêtons à Loncoche pour rendre visite à la famille Soto que nous avions rencontrée au Sud de l’île de Chiloé. Nous avons passé un bel après-midi ensemble. Miguel nous a fait partager ses deux passions : les pompiers volontaires dans lesquels il est engagé et dont il nous fera visiter la caserne pour le bonheur des grands et des petits et la musique. Marie-Luz nous régalera de ses talents de cuisinière.

 

Lago Calafquen

 

Aujourd’hui c’est une deuxième journée thermale qui nous attend : nous allons aux thermes géométriques où nous passons la journée. Comme vous pouvez le constater, il y a des jours où la vie est vraiment difficile !

 

Ce soir nous dormons à Conaripe sur les berges du lac Calafquen.

 

Lago Villarica

 

Après cette pause relaxante, nous nous dirigeons vers le Lago Villarica du même nom que le volcan qui le surplombe. Nous dormirons sur la plage de Pucon, au calme car nous sommes hors-saison. Nous voulions parcourir le parc Huerquehue et notamment la randonnée des lacs  mais nous avons dû y renoncer car Laure a été malade toute la nuit. Nous profiterons de la plage et du soleil de Pucon pour se reposer. Nous avons bien aimé la ville et une agence immobilière voulait nous vendre un terrain mais nous réfléchissons encore !

 

Repas au restaurant Mapuche la Cocina  Mapuche Mapu Lyagi du chef Anita Epulef à Curarrehue où nous nous sommes régalés.

 

Nous quittons les lacs mais pas les volcans. C'est que par ici ils sont nombreux et très actifs !

 

Le parc Conguillio

 

(Du 31 mars au 03 avril)

 

Un peu patraques, (Hadrien et moi), nous prenons la direction du parc national Conguillio qui encercle le volcan Llaima (3125m). C'est le plus actif de tous :

 

Nous passons la journée à l’entrée du parc afin de se reposer. Balade vers le canadon, canyon, et la cascade Truful-Truful. On observe les différentes couches des éruptions passées.

 

Comme cela va mieux pour tout le monde, nous entrons dans le parc et nous promenons sur la Laguna Verde dont le niveau est bas.

 

Puis direction la Laguna Arcoiris (arc-en-ciel) dont nous ferons le tour.

 

Ce sont deux bijoux.

 

Ce soir nous bivouaquons au pied du sentier vers la Sierra Nevada, au milieu des Araucarias, arbre emblématique de cette région qui porte son nom : l’Araucanie.

 

Au réveil, le thermomètre indique zéro à l’extérieur et il ne fait pas très chaud à l’intérieur car nous n’avions pas mis le chauffage ne pensant pas que la température descendrait si bas. Mais nous sommes tout de même à 1000m et entourés de deux volcans enneigés. Il paraît que le froid conserve ! Le soleil nous réchauffera bien vite.

 

Nous partons randonner jusqu’au mirador numéro 2, le mirador au condor. Cela grimpe un peu et Hadrien, encore en petite forme, aura du mal à aller jusqu’au bout mais refusera de rebrousser chemin. Il ne regrettera pas ses efforts car la vue est magnifique une fois encore.

 

Nous bivouaquons sur une plage du Lac Conguillio, seuls au monde, calme Olympien.

 

Ce matin, au réveil, il y a de la gelée blanche mais nous avions prévu et mis le chauffage.

 

Après le déjeuner nous partons vers la Laguna Captren où nous stationnerons sur la plage. Il fait beau et nous décidons de partir en randonnée à la recherche des carpinteros.

 

Nous observerons différents canards barbotant dans le lac et, au croisement de deux sentiers, nous assisterons à un ballet de carpinteros. Nous restons là un moment à les écouter et les observer. Instants magiques.

 

Nous décidons de poursuivre en longeant le lac. Au détour du chemin, face à nous, le volcan Llaima apparait ; un peu plus loin, le voilà qui se reflète dans le lac. Autres instants magiques, toujours seuls au monde.

 

Ce parc nous a beaucoup plu et nous le quittons à regret car il faut avancer. Direction Curacautin. Ce soir, c’est Philippe qui ne se sent pas bien. Nous n’irons pas randonner sur le Crater Navidad et prenons la direction de Santiago.

 

Pourquoi ne pas attendre d’aller mieux ? Tout simplement parce que pour fêter nos 20 ans de rencontre, nous avons décidé de nous offrir le voyage à l’île de Pâques et que l’avion décolle le 10 avril. Il nous reste donc peu de temps pour rejoindre Santiago et nous voulons nous laisser une marge de manœuvre. Cela c’est la théorie mais la suite en décidera autrement.

 

Nous prévoyons un bref arrêt à Chillian pour retirer de l’argent à la banque.

 

Chillian

 

(Du 05 au 07 avril )

Comme d’habitude, la scottiabank se trouve aux abords de la place principale de la ville (environ 200 000 habitants). Impossible de stationner. Nous la jouons à l’américaine … du Sud : arrêt sur le côté, warning et Philippe reste au volant ; puis idem avec moi au volant. Et là, pendant que Philippe est à la banque, un homme à vélo me fait signe et s’adresse à moi en français. Une discussion s’engage avec Karl, un autrichien qui vit vers les Nevadas de Chillian où il a des cabanas. Philippe revient et la discussion se poursuit. Un couple nous prévient qu’il ne nous faut pas rester là. Karl nous indique une adresse où l’on peut trouver des pneus Michelin. La discussion se poursuit et une carabinera arrive et contrôle nos papiers. Nous nous excusons et nous en sortons ainsi. Nous prenons la direction du magasin de pneus et nous posons sur le parking du supermarché à côté car il est 13h. Karl est arrivé en même temps que nous et la discussion s’est poursuivie autour d’un poulet rôti. Il nous donne des conseils pour la suite du voyage. Nous nous quittons après avoir échangé nos coordonnées.

Nous changeons les pneus avant : nous montons des 205/75/16 au lieu des 195/65/16 d’origine afin d’augmenter un peu la garde au sol et d’avoir une meilleure assise à l’avant. Nous quittons le garage à 16h en direction de la côte, suivant en cela les conseils de Karl.

 

A peine sortis de la ville, un voyant s’allume et la puissance du moteur est stoppée nette. Moments de solitude. On trouve un coin pour s’arrêter juste avant le péage et on cherche ce qu’il en est dans la revue technique : on découvre que c’est le voyant de l’ABS.

 

Je sens qu’il y en a qui rient en lisant ces lignes. Bon ils n’ont pas tort mais nous on riait jaune.

 

Il n’est plus question de partir sur la côte ni sur Santiago. Les solutions possibles tournent dans nos têtes :

 

On met les deux roues de secours à la place et on garde celles-ci en roue de secours ? Solution rejetée.

 

Comment résoudre notre problème ? On ne peut pas mettre des 205 à l’arrière car les pneus se toucheraient et ce n’est pas nécessaire. Le problème c’est la hauteur et non la largeur.

 

La solution est de remplacer nos 4 pneus arrière que l’on voulait remplacer un peu plus tard par des 195/75/16. Il faut espérer que le modèle existe et que le garage ait les 4 pneus en stocks. Nous faisons demi-tour devant la barrière de péage et retournons au garage où j’explique le problème au responsable. Par chance, ils ont les pneus en stock et nous les changent avant la fermeture.

 

Il n’est plus question pour nous de prendre la direction de la côte car il est 19h quand nous sortons du garage et il fait nuit. Lors du changement des pneus avant, j’ai discuté avec Pedro qui rêve d’avoir un camping-car pour voyager après avoir travaillé toute sa vie sans pouvoir le faire. Au retour, il est encore là et nous propose de venir chez lui pour la soirée et la nuit. Nous le suivons.  Sur le chemin qui nous conduit chez lui, j’entends klaxonner sur la droite. Je vois Karl au volant de son camping-car, un Westfalia Caruso, qu’il vient de récupérer. Tout étonné de nous trouver là, il nous suit car on ne peut s’arrêter au milieu de l’avenue.

 

Arrivés chez Pedro, nous lui racontons notre aventure et nous convenons de se retrouver chez lui le lendemain.

 

Pendant la soirée qui se déroule autour d’un asado arrosé de vins chiliens, Pedro nous parle de ses rêves et de ses enfants. Lui aussi a une fille au bout du monde (le Mexique) pour laquelle il s’inquiète.

 

Après le petit-déjeuner nous prenons congé de notre hôte et prenons la direction des thermes de Chillian aux Cabanas Lodge de Karl.

 

Nous partons promener dans les bois et cueillons des pommes en chemin. Comme il pleut, ce sera soirée pizza au coin du feu et les enfants joueront avec sa fille. Ses cabanas sont vraiment sympas. Il en a réalisé le design et l’isolation est aux normes européennes.

 

Ce matin le temps s’est levé. Karl veut nous montrer le Volcan Chillian, un autre volcan très actif de la Cordillère. Nous en prenons la direction mais il refusera de se dévoiler. Sur le chemin de retour, on s’arrête chez un de ses amis français.

 

Dans cette vallée et partout au Chili nous avons rencontré des Français qui se sont installés là. Je crois que si nous étions plus jeunes ce serait une solution envisageable.

 

Nous nous quittons.

 

« ! Karl, Ojala que nous puissions revenir un jour découvrir les merveilles dont tu nous as parlé ! »

 

Bien que ce ne soit pas le chemin le plus court, nous faisons un détour par le Pacifique. Cap à l’Ouest vers Cobquecura. Nous ne le regrettons pas. La côte est magnifique et l’Océan est un paradis pour les surfeurs. Nous visitons l’église de pierre  dont vous n’aurez pas de photos car c’est le moment choisi par notre appareil photo pour faire des caprices.

 

Arrêt à la plage de Buchupureo.

 

Bivouac sur un promontoire face à l’océan à Curanipe.

 

Il nous reste deux jours avant de prendre l’avion et nous sommes encore loin de Santiago. De plus, il nous faut trouver un nouvel appareil photo avant le départ. Il nous faut donc rouler. Nous poursuivons par la route qui longe le Pacifique mais nous n’avançons guère. Nous décidons donc de couper et de rejoindre la route 5 et de rejoindre Rancagua dernière grande ville au Sud de Santiago. Nous y règlerons les derniers détails de nos préparatifs afin de pouvoir rejoindre tranquillement l’aéroport demain : achat d’un appareil photo, courses pour l’île de Pâques et nuit à la station-service au Nord de la ville car il y a beaucoup de circulation.

 

En ce matin du 9 avril, nous nous dirigeons vers la station la plus proche de l’aéroport afin de régler les derniers détails. En fin d’après-midi nous partons chercher une place sur le parking longue durée. Nous trouvons une place relativement facilement. Le gardien nous conseille de ne pas laisser les vélos à l’extérieur. Nous dormirons sur place car l’avion décolle à 9h30.