CHILOE


( Du 1er au 15 mars 2016 )

Ce matin nous embarquons sur le ferry qui fait la liaison entre Chaiten  et Quellon sur l’île de Chiloé. Nous souhaitons visiter cette île pour ses nombreuses églises en bois dont 16 classées au Patrimoine mondial de l’humanité.

 

Longue de 200 km et large de 50 km, Chiloé est la deuxième plus grande île d’Amérique du Sud après la Terre de Feu. Nous découvrirons qu’au-delà des églises, il existe une richesse spirituelle issue d’une mythologie remplies de personnages fabuleux.

 

C’est aussi à la pointe de l’île que démarre la Panaméricaine, à Punta Lapa, pour se terminer à Anchorage quelques kilomètres plus loin.

 

Nous bivouaquerons donc au point zéro. A voir si nous bivouaquerons au point final…

 

Au goûter nous nous régalons de mûres savoureuses.

 

Les enfants sont ravis car il y a une plage sur laquelle ils peuvent laisser libre cours à leur imagination.

 

Et nous nous discutons avec des Chiliens qui s’arrêtent pour admirer le camping-car et nous poser des questions sur le voyage. Une des familles rencontrée nous invite pour prendre la « Once » quand nous passerons près de chez eux. Rendez-vous est pris.

 

La « Once » est un héritage de la colonisation allemande, très forte dans la partie Sud du Chili, dans la région des lacs que nous traverserons bientôt. C’est un goûter amélioré qui peut tenir lieu de dîner car c’est très copieux, un peu comme le brunch anglais.

 

Nous suivons la route des églises en commençant par celle de Chonchi.

 

Nous en profiterons pour déguster deux spécialités locales :

 

Le Mote con huesillo :  c’est une boisson-dessert très sucrée à base de blé et de petite pêche. C’est très bon et peu calorique !

 

La licor de oro, c’est très bon également mais pas pour les enfants.

 

Puis nous revoilà à la recherche de gaz car nos bouteilles sont presque à sec. Les gaziers ne veulent plus remplir les bouteilles de gaz autres que les chiliennes. Nous décidons donc de tenter notre chance avec le GPL et grâce à notre raccord européen (1 des 4 existants en Europe, vive l’harmonisation européenne !) et à la compétition entre les compagnies de gaz chiliennes ( 2 types de raccords coexistent : le raccord américain et le raccord européen français, ouf) nous faisons le plein à la station-service GPL pour automobile à Castro, la capitale de l’île. Il était temps car la deuxième bouteille sera vide le lendemain. Nous en profitons pour approfondir notre culture « gazière » : la COPEC, compagnie historique fondée en 1934 utilise le raccord européen, de même que ses filiales ABASTIBLE et, concurrence oblige, la compagnie LIPIGAZ qui utilise le raccord américain équipe toutes ses nouvelles stations des 2 raccords. PETROBRAS quant à elle utilise uniquement le raccord américain. Nous remplirons donc nos bouteilles avec du GPL au Chili. Cela nous va bien car en plus d’être pratique, c’est beaucoup moins cher ! 400 pesos le litre au lieu de 1500 et la liste des staions est sur leur site internet ! Il va nous falloir trouver un raccord américain pour être complètement tranquille sur la durée du séjour.

 

Sur le chemin de Castro, nous visitons différentes églises :

 

Iglesia Nuestra Senora de Gracia de Nercon

Iglesia San Antonio de Padua de Vilupulli

Bon après ce petit détour nous repartons visiter l’île et prenons la direction du ferry pour la Isla Lemuy. Sur cette île pas moins de 3 églises classées et quelques autres dont celle de San Augustin.

 

Dans ce minuscule village se trouvent séparés par un chemin de terre les deux opiums du Chili :

 

A la sortie du village, nous prendrons en stop deux jeunes Santieguinos abandonnés là par le bus qui ne va pas plus loin. Il leur restait 14 kms sinueux à parcourir sous un soleil de plomb tout comme nous. Nous passerons le reste de la journée ensemble et visiterons l’église de Détif. Nous les déposons à Puqueldon, puis promettons de nous revoir à Santiago.

 

Eglise d'Aldachildo

Eglise d'Ichuac

Nous faisons une entorse au programme et partons sur la côte pacifique sur les conseils de plusieurs chiliens et voyageurs en direction du Parc national de Chiloé.

 

Le parc n’a rien d’exceptionnel pour nous mis à part son centre de visiteurs qui explique des éléments culturels de l’île.

 

Mythologie de l’île de Chiloé : comme dans de nombreux endroits où le catholicisme a été exporté, il s’est entremêlé avec la religion existante.

 

La mythologie de l’île de Chiloé  explique la création des îles et  les phénomènes naturels au travers des actes de nombreux personnages plus ou moins inquiétants ou bienveillants :

 

Les dieux serpents : Cai-Cai-Vilù, dieu serpent des eaux (Mal) et Ten-Ten Vilù, dieu serpent de la terre (Bien). Ces deux serpents s’affrontèrent pour assurer la suprématie de leur territoire. Le dieu de la terre remporta la bataille mais le serpent des eaux parvint à noyer suffisamment de terre pour séparer l’île du continent et c’est ainsi que naquit Chiloé.

 

La Pincoya : très belle femme nue qui incarne la fertilité des côtes de Chiloé : si elle est tournée vers la mer, la pêche sera mauvaise ; si elle se tourne vers la terre, la pêche sera bonne.

 

La Fiura : c’est une petite sorcière croqueuse d’homme qui vit dans la forêt.

 

La Viuda : c’est une femme de l’ombre, éthérée, vêtue de noir. Elle paraît dans des lieux solitaires pour séduire les hommes et les abandonner ensuite.

 

Le Trauco : Gnome répugnant. Il séduit les femmes et en particulier les jeunes vierges qui ne peuvent lui résister.

 

A partir de maintenant, les enfants s’amuseront à rechercher ces personnages que l’on retrouve partout sur l’île et celui qui a le plus de succès est le … Trauco. Allez savoir pourquoi.

 

Mais la plage est magnifique : un petit fleuve se jette dans l’océan. Laure ne résistera pas longtemps à l’appel de l’eau.

 

Nouvelle rencontre : cette fois un jeune français établi à Valparaiso nous invite à venir goûter ses macarons lors de notre passage.

 

Nous retournons à Castro. En prenant la direction de l’office de tourisme, je tombe nez à nez avec Francisco, rencontré sur l’île Lemuy.

Visite de la ville :

 

Iglesia San Francisco de Castro

Les palafitos : maisons sur pilotis

Ses fresques murales

Le port, le marché et un Repas au restaurant « La travesia » : excellent

Nous prenons la direction de la péninsule de Rilan pour voir l’église, puis celle de Dalcahue.

 

Nuestra Senora de los Dolores de Dalcahue

 

Nous poursuivons la route en direction de l’île de Quinchao par un nouveau ferry. Tour de l’île et nouvelle visite d’églises. Nous dormons dans la baie d’Achao où la vue sur les îlots alentour nous ravit. L’église d’Achao nous a beaucoup plu par son caractère authentique. (1730) C’est la plus ancienne de toutes.

 

Iglesia Santa Maria de Loreto

 

Nous visiterons également le musée d’Achao qui présente la culture des premiers habitants : les Chonos. Un film explique l’évolution des coutumes notamment dans l’art de la teinture, la fabrication de la farine ou de la chicha.

 

Nous quittons l’île pour Quemchi,  ville de naissance de Francisco Coloane. Nous visitons le musée qui lui est dédié et découvrons une nouvelle coutume de l’île : la minga. La maison de Francisco Coloane a été détruite et un homme a donné sa maison. Mais celle-ci se trouvait sur un autre lieu de l'île. Plusieurs corps de métier se sont réunis et ont aidé à déplacer la maison à l'aide de boeufs sur terre et l'ont fait flotter à marée haute jusqu'à son emplacement actuel. Autrefois les participants à une minga étaient bénévoles et c'était un échange de services. Aujourd'hui ils sont rémunérés.

 

Puis nous prenons la direction de l’île Aucar que Francisco Coloane a baptisé la Isla de las almas navegantes en 1977. La particularité de ce lieu est d’être une île à marée haute et une presqu’île à marée basse. En effet, c’est ici que l’amplitude des marées est la plus forte sur l’île de Chiloé : 7 mètres. De plus de nombreux oiseaux nichent là. Un « fleuve » se jette dans l’océan. Des dauphins jouent dans l’espace situé entre l’île et Chiloé. Nous bivouaquerons là 2 nuits, séduits par les lieux, loin des chiens, des voitures et des charlas (bavardages) des anciens du village.

 

Pris de remords nous irons visiter l’église de Colo dont la route d’accès est en travaux et pour laquelle nous devrons faire une promenade à pied pour rien car l’église est fermée. Vous êtes hors-saison me dira une villageoise. La saison est du 1er janvier au 29 février. La fille qui ouvrait l’église est retournée au collège.

 

Tenaun : Iglesia de Nuestra Senora del Patrocinio (1837)

Nous aurons plus de chance à Tenaun où une chargée officielle officie. Laure remarque que les tapis habituels au sol sont remplacés par des tapis tissés avec de la laine de moutons chilotes. La guide nous explique que c’est pour que les chariots utilisés pour transporter les cercueils roulent mieux car les autres accrochent et sont dangereux avec des risques de chutes.

 

Hadrien, quant à lui, remarque que la chaire est surmontée d’un toit contrairement aux autres églises. La guide ne sait pas nous dire pourquoi.

 

Le séjour touche à sa fin et nous prenons la direction d’Ancud où nous devrions croiser Marion et Daniel. Nous bivouaquons dans une rue calme du centre-ville non loin du musée des églises de Chiloé et de la Plaza de Armas. La nuit fut étonnamment calme pour un samedi soir.

 

Nous visitons le musée et achetons le passeport des églises en guise de souvenir. Théoriquement c’est le point de départ du circuit des églises de Chiloé. Le musée est situé dans l’ancienne église d’Ancud. Il contient les maquettes des églises classées ainsi que des pièces sauvées des différentes églises avant leur restauration.

 

Puis les enfants nous poussent à aller plus loin armés de leur trottinette. Nous partons le long de la Costanera avant de grimper jusqu’au fort San Antonio : pendant les guerres d’indépendance qui opposèrent les Chiliens aux Espagnols, ce fort était l’un des derniers avant-poste espagnol au Chili.  

 

Nous rencontrons une jeune française, Elodie, qui fabrique et vend des bijoux avec son compagnon chilien. Elle nous invite à lui rendre visite afin que les enfants puissent jouer avec les siens. Nous irons et les enfants poseront plein de questions sur la fabrique de bijoux et sur l’atelier à Lalo, son compagnon qui leur a montré comment travailler le métal et régalé d’un bijou.

 

En retournant au camping-car, je vois une estrade installée sur la place : je demande à une jeune fille en costume de quoi il retourne et elle me répond qu’il va y avoir des danses folkloriques pour marquer la fin de l’été. Nous décidons de rester voir le spectacle. Plusieurs écoles de danse de la ville présentent une exhibition.

 

Le lendemain, nous visitons le musée de la ville qui retrace l’histoire de l’île ainsi que la cathédrale.

 

Après quelques échanges de mail et un petit mot sur le pare-brise nous retrouvons Marion et Daniel et bivouaquons au mirador surplombant l’océan. Le lendemain nous passons la journée ensemble et partageons un Curanto, plat typique de l’île qui mélange crustacés, viande de porc et de poulet et légumes, normalement cuit dans un four creusé dans la terre comme en Polynésie. Je n’en mangerai pas tous les jours.

 

Nous disons au revoir à Marion et  Daniel et promettons de nous revoir à leur retour sur le continent américain.

 

Nous quittons l’île pour le continent. Cette île a été un coup de cœur pour nous et fait partie des lieux où nous aimerions passer plus de temps. On comprend que de nombreux français s’y établissent.

 

C'est beau de rêver !